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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 10:23
L'autre jour Jean-Jacques Kupiec parlait sur France culture à propos de son livre L'origine des individus, (Fayard, 2008) face à d'autres scientifiques. L'idée majeure est de mettre à mal le déterminisme biologique qui a trouvé sa toute-puissance au 20ème siècle. Partant de la biologie, Kupiec a fini par arriver à la philosophie, tant décriée par mon grand-père qui pensait qu'un bon scientifique se doit de mépriser la philosophie, sans parler de la spiritualité. Je n'ai jamais compris pourquoi. Kupiec revient donc à la notion de liberté en découvrant qu'il y aurait de l'aléatoire, de l'improbable, un hasard possible dans le cadre rigide du déterminisme biologique. On semble revenir aux atomistes. La science qui ne rate pas une occasion pour assoir sa supériorité sous prétexte de preuves et de rationalité se retrouve comme une enfant face à des hommes qui ont pensé la même chose... il y a 2500 ans ! Ca me fait rire quelque part. Les atomistes pensaient qu'il y avait un déterminisme mais que, dans celui-ci, il pouvait toujours y avoir une déviation... Ce concept permettait d'introduire la notion de liberté (tout n'était pas pré-determiné, pré-destiné) où l'individu avait sa place en tant que personne dans le monde. Epicure reprendra tout cela. Voilà donc une sacrée pirouette.

Peut-être est-ce pour cela que je m'énerve quand quelqu'un me dit : "C'est comme ça." Et continue : "Ca a toujours été comme ça, c'est naturel." Comment peut-il le savoir ?Personne n'était là, dans les cavernes. Ah... Cette personne s'inscrit donc dans une autre perspective. Kupiec a dit que ce problème de la liberté faisait peur à l'humain parce qu'elle envisageait sa fin. Si on est pour la théorie de l'évolution, on pense que l'humain peut évoluer et donc disparaître... La personne qui dit : "C'est comme ça" est souvent du côté du fort. Ceux qui disent : "Tout est possible" sont donc "contre" ceux qui disent : "C'est comme ça". Et en fait cela devient très compliqué. Spinoza arrive en disant que tout ce qui est est. Pas de probabilité chez Spinoza, mais une liberté. Spinoza aussi a ses limites. A moins que nous n'ayons pas encore compris Spinoza. Il y a chez lui deux mouvements qui peuvent paraître contradictoires : la nécessité et son acceptation, et un désir de changement puisqu'il est pour changer ce qui peut l'être : favoriser mon augmentation de désir de puissance (l'expansion de mon être). Tout ce qui gène ma puissance doit se modifier... Il n'y a donc pas que de l'acceptation. Il y a bien un travail sur le réel qui change ce réel. C'est comme le dalaï-lama qui nous parle d'acceptation en construisant des temples contre l'avis du maire (cela se passe en France) grâce à son intervention auprès de Sarkozy. Mais bon ça, c'est un autre domaine. Le sourire du dalaï-lama est-il juste un masque ? Un masque de plus...   

Pour en revenir à la science, après Kupiec, je tombe sur Pascal et sa critique des demi-habiles... Ceux qui croient savoir parce qu'ils sont dans la raison, la rationalité se foutent de nous et se prennent dans le tapis. Excuse-moi Blaise, je radicalise un peu ton propos. Surtout ils se croient supérieurs au nom de la raison là où tout est mascarade. C'est pour cela que Pascal écrit : "La vraie morale se moque de la morale". En revanche ce que je ne suis pas c'est quand il dit qu'il faut être soumis sans être dupe. Jusqu'où sommes-nous soumis ?  C'est peut-être dans cet esprit que j'ai écouté le disque de Carla. Pourquoi s'offusquer de ce que Sarkozy fait ? Il a été élu pour ce qu'il est, et il est et fait du Sarko. Pourquoi les gens sont-ils déçus alors qu'ils ont voté pour lui ? Pour ma part je ne suis pas déçue : il est encore mieux (plus Sarko que Sarko) que ce que j'aurais pu imaginer ! Je vais finir par l'aimer parce qu'il ne déçoit pas. C'est là où je comprends Pascal. Un peu. Qu'aurait-il pensé du dalaï-lama ?

On peut revenir sur le déterminisme des sexes. Une femme fait ça parce qu'elle est une femme et que c'est naturel... Ah... 

Je poursuis donc ma réflexion sur la notion de cadre qui me fait hérisser les poils... si souvent. Parce qu'il est important, pour moi, de toujours garder l'ouverture à la liberté, au changement, au nouveau, à ce qui vient et d'être créatif à chaque instant. Sans s'enfermer dans des raisonnements logiques qui enferment encore et encore. Quand un psychiatre dit à une de ses patientes (dont la pathologie n'est même pas déterminée) : "Non, vous ne devez pas écrire de roman", ça veut dire quoi ? Qu'est-ce qu'il en sait ? Il n'a jamais écrit de roman, il n'a jamais fait de bouffée délirante... Il n'a pas vécu la vie de cette patiente... De quoi on parle ?

On parle du clinamen, cet atome qui dévie de sa programmation. Sans raison apparente. De la vision subtile qui autorise cette déviation... et c'est là qu'est la joie, la vie, la liberté... Précisément l'amour. 

A mon avis il y a encore un autre niveau de lecture que celui de Kupiec, mais là on va entrer dans le chamanisme, je ne sais pas quel nom lui donner. Et ils n'en sont pas là les scientifiques. 
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