Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 08:20
Semaine plutôt difficile avec une perle au milieu : Harvey milk de Gus van Sant, avec Sean Penn. Je n'ai pas trop envie de parler de la réalisation, parfois agaçante, de ce réalisateur qui peut desservir son propos parce qu'il se regarde filmer (pour ne pas dire qu'il se branle avec sa caméra). Là, il se retient plus que d'habitude et laisse l'histoire émerger. Puis il y a Sean Penn, lui y'a rien à dire. Il est sublime depuis Comme un chien enragé de James Foley (à l'époque tout le monde se foutait de ma gueule parce que je kiffais le mari de Madonna). Bref... Harvey Milk, c'est beau. Je voulais juste dire que ce qui m'a touché c'est de voir une communauté, des gens se battre ensemble, des gens ensemble tout court, des gens qui se touchent, qui rigolent, qui se confient : qui crée de la fraternité comme dirait l'autre. Et en fait c'est rare. Aussi de voir comment des "nous autres" peuvent devenir une force politique. Et visiblement les gays ont su faire ça. Là où les femmes restent timides ou plutôt sont revenus à leurs fourneaux. Il y a chez Milk cette conscience aigüe de la solitude et du danger de cette solitude, non pas celle de se retrouver entre quatre murs avec personne, mais celle de ne pas partager sa propre expérience dans sa singularité qui conduit parfois au suicide. Le film exprime cette douleur à vivre au milieu de personnes qui ne peuvent pas comprendre ce qu'on vit. Hannah Arendt parle de cela quand elle parle du manque de politique. Harvey Milk incarne vraiment la création d'un oasis politique. Je me suis rendue compte de ma profonde naïveté (est-ce le bon mot ?) face à l'institution qui exclut les "nous autres" : je ne comprends pas pourquoi, là mon cerveau bug. Même si je vois le mécanisme de l'institution (psychotique en soi ?) qui impose un modèle (dans le film, c'est la famille, la religion) et tue tous ceux qui ne rentrent pas dans son modèle, je n'arrive pas à intégrer cette ségrégation. Je ne vois pas en quoi ça dérange l'institution que des hommes s'enculent etc., qu'on vive autrement qu'elle. Qu'est-ce qu'elle en a à foutre ? Comment faire de la politique dans un tel déni de la réalité ? Visiblement cela existera toujours. Et il y aura aussi toujours des Harvey Milk, des Sean Penn, des Gus Van Sant. Cela pose aussi le problème de l'amour dans nos sociétés (l'amour est asocial, j'en ai déjà parlé dans d'autres articles) et de l'intimité. On pourrait se dire que les homo n'ont qu'à se cacher. Mais en fait vivre en secret tue. L'humain aurait besoin d'exprimer sa spécificité dans le champ public. Est-ce cela la liberté ? 
Partager cet article
Repost0

commentaires

N
Bella, ce n'est pas l'institution qui est dérangée par les "nous autres", ce sont les autres, qui votent. C'est assez idéologique, c'est philosophique, c'est culturel. L'institution n'est que ce que la société veut qu'elle soit, et en démocratie c'est une bataille de tous les jours, comme le dit Harvey Milk "faisons nous connaître, montrons que nous sommes juste des gens". Mais faisons le sur la base d'un combat politique, ensemble. Et l'institution ne sera plus reservée aux lobbies.
Répondre

Présentation

  • : Navaraanaq
  • : Je suis écrivain
  • Contact

Recherche