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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 15:55

C’est une sensation nouvelle, étrange ?, de rencontrer une personne qui nous touche (au sens émouvoir) quand on a perdu ses illusions. Est-ce ce calme dont Fred parle en commentant mes photos sur le blog ? Le lac tranquille et vide de Salt Lake City et mon visage quand j’étais allongée dans l’herbe alors qu’autour de moi, il y avait tant de tumultes. Fred voit la paix là où c’était la guerre, mais il a raison, c’était la guerre au dehors, mais pas dedans. Une paix avait fini par venir en moi sans que je la vois venir. Je ne sais pas même pas la définir, ni quel mot choisir. Je m'étais mis à chanter yafodé puisque je ne connaissais pas la signification de ce mot. 

Quelque chose qui fait que je ne suis plus en guerre (indépendamment de la colère). Ca me rappelle un moment où je suis entrée dans la salle de bains de Bel-Ami et où il demanda à avoir une explication à propos d’un conflit et j’ai dit, debout, les pieds enfoncé dans la moquette : « The war is over » avec un tel aplomb qu’il m’étonna.

Je reviens à cette sensation étrange de rencontrer autrui quand on n’a plus d’illusions. Mêlé à de l’étonnement. Il est toujours intéressant de s’étonner, de rester dans cette posture. Car elle accueille la possibilité du nouveau.

Là où on m’a dit que je trouverai du dur, j’ai trouvé du doux (oui, oui, allez-y avec les métaphores, tu peux penser que c’en est une !)… Il y avait du doux en moi quand j’allais là,il y avait de la douceur de la part de l'autre, et en moi, bien sûr, une tendresse pour cette douceur revenue (comme c’est un miracle qu’elle soit revenue). Je sais combien l’autre peut manger cette douceur, la manipuler, la massacrer, l’utiliser, se moquer d’elle ("Ah oui, les sentimentaux, ces pauv’ cons qu’on peut berner, comme si l’esprit général était à l’agressivité, merci le capitalisme !").

J’ai pensé à Malik (Un prophète), à la douceur qui ne doit plus être polluée, au cynisme que je refuse comme poison, sans tomber dans la naïveté. Il y a quelque chose à créer entre les deux. Sans doute sortir de la morale dominante qui se prend pour une morale, qui pique des mots qui nous sont chers pour s’en servir, s’en servir pour nous assouvir. Trop de pervers utilisent ces mots pour nous approcher, camouflés dans leur cheval de Troie.  

Derrière la douceur, j’ai mis des gardiens dont les pieds sont ancrés dans le sol, dont le cœur est juste et fort, qui veilleront à défendre la citadelle. De la conscience, de la clarté, de l’attention à ce que je ressens. Ca s’est mis en place à force de ramper parterre ! Je ne suis pas devenue une vampire à mon tour. Pas de ressentiment, mais de l’énergie pure. Une goutte de douceur est pour moi l’acte le plus révolutionnaire qui soit. Ce n’est pas un sentiment, c’est un état. C’est une force, c’est la puissance de vie, le désir sans objet de désir, le conatus de Spinoza, c’est ce qui me fait plus vivre. C’est en dehors de la notion de morale, du jugements, des raisonnements. Je ne te parle pas de ces gourous qui nous abreuvent de bons sentiments. Ca ne fonctionne pas comme ça.

L’autre jour, j’ai eu cette sensation qui m’a envahie comme le vent qui entre dans l’anorak et le gonfle. De façon inattendue. War is over.

Ma force, c’est d’être centrée, de rester dans mon axe, dans ma joie même quand la tristesse est là, dans le respect de la vie qui m’a été donnée, dans la conscience de cette improbabilité, de cette absurdité et d’en faire de la puissance pure, être barbare, moi sans attendre l’approbation de l’autre, laisser et oublier les mauvaises énergies, sans rancœur, sans rien dire. Ma victoire, c’est la conscience aigue du plaisir qui coule en moi, de me détacher des raisonnements tout faits, d’ouvrir le plexus là où ça m’a fait si mal.

C’est ne plus avoir peur quand il n’y a rien, quand il n’y a plus d’espoir, quand il n’y a que le ciel bleu sans nuages, le plat du lac qui fait des jolis ronds quand un galet fait des ricochets dessus. Le mouvement ne détruit pas le lac.

Ne plus avoir peur en état de nirvana, quand les mots n’ont plus le même sens (ce qui est perturbant pour un écrivain !). Ce n’est pas grave de ne pas comprendre, il y a quelque chose au-delà de la compréhension.

Là où je pensais que ça allait être dur, j’ai reçue de la douceur. Je l’ai prise avec moi, je l’ai regardée comme on ouvre un cadeau, ce fut comme être libre. J’ai décidé que quoi qu’il arrive, sachant que la douceur peut cacher de la perversité chez l’autre et que ce stratagème me fatigue. Je ne comprends pas à quoi ça leur sert d’être dans le faux, j’ai fini par comprendre qu’ils n’avaient pas la possibilité d’être dans le vrai, que ce sont des extra-terrestres pour de vrai, que la notion de promesse est utilisée par eux de façon très différente de ma façon de l’utiliser. Quand je fais une promesse, c’est plutôt que j’utilise le temps du futur au strict sens du futur, c’est-à-dire que je fais ce que j’ai dit. Bref… Je ne sais pas ce qu’est la douceur pour l’autre (elle peut être un masque, un cheval de Troie) mais je sais ce qu’elle est pour moi. Et comment savoir si cette douceur était vraie ou une tactique ou une feinte ? Je l’ai prise en moi et j’ai vécu l’émotion jusqu’à la corde jusqu’à ce que ça bascule dans une autre émotion comme lancée dans la course. Les masques de l’autre ne me concernent pas, car je danse par moi-même, que ce calme est mien et que je veux bien lui en parler, le partager, lui sourire. Et ça, personne ne peut me le prendre et je peux le partager à l’infini. La douceur, la vraie, est une révolution en notre monde. 

Je sens l’énergie revenir en moi, je mets cette putain de chanteuse qui me fait kiffer depuis la semaine dernière, je danse et quand je tourne, l’écriture revient, c’est comme dire au revoir aux sales eaux, aux mauvaises voix qui sapent le moral (à coups de morale). Ca les fait chier qu’on jouisse : « Mais tu crois quoi ? Parce que j’ouvre ma bouche, parce que t’es venue dans ma chatte, t’as quelque droit sur moi ? Hahahahahhahahha !! » Parce qu’il y a quelque chose qu’ils ne m’ont pas pris, c’est justement cette douceur, c’est ma liberté de jouir. Et purée, ça se travaille.

La douceur n’est pas une monnaie d’échange pour dorloter un homme, FUCK ! La douceur, c’est ce qui vient après l’orage quand l’inspiration se fait et qu’on relève la tête en silence, et que dans ce silence, j’ai conscience de ma respiration, que j’ouvre les yeux et qu’au-dessus des cadavres, il y a l’horizon. Tu vois ? Cette sensation… Je suis entière, je touche mes membres, je suis entière alors qu’ils m’ont mise en morceaux. Quand je sors de la grotte, j’ai de la lumière sur le visage. Ma douceur vient d’un autre monde, elle a la force des survivants, des initiés, de ceux qui ont traversé les rites, étape après étape. Certains croiront sans doute que ma douceur est une faiblesse alors qu’elle est le contraire. On n’est plus le même quand on a été mort, quand on revient, quand on a vu la lumière. Ma douceur a la fermeté d’un noyau d’amande, duveteux et sec.

Il n’y a qu’en créant autre chose qu’on sera bien et bon dans notre « autre chose ». Il n’y a pas que l’intelligence de la perversité et de la duperie, il y a d’autres intelligences. Il y a l’énergie pure des vaincus cher à Carmen Castillo !!! Il y a le clin d’œil du bobono qui fait la nique à l’agressivité du chimpanzé. Les puissants ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Comme Malik du Prophète, méfiez-vous de certains qui baissent les yeux.

Attention, on n'est pas à l'abri du succès.  Et parfois le désir se réalise, autrement qu'on croyait, par une autre voie. Quand on n'y pense plus, l'univers répond. 

"No you cannot take my experience away,
No you can’t take my soul away, No you can’t make me go astray
'cause I know where I stand " Nneka

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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 16:15

Comme je change, je vois des films que je regarde autrement, les livres que j’ai lu il y a bien longtemps autrement, c’est comme changer de place dans le monde. Le voile des illusions se dissout, on voit autre chose, on oublie les idées, les idéaux dans lesquels nous avons été formés. 

Hier une personne (on va l’appeler MK) m’a dit : « On dirait que tu es vierge. » Et j’ai souri. J’ai dit que je l’étais quelque part. Que j’avais fait un grand nettoyage et que j’étais neuve. J’ai déjà écrit sur ça : que j’étais allée nouvelle aux Etats-Unis le sept août. Et ce n’était pas une idée que je m’étais mise dans le cerveau, j’y suis allée en ayant oublié un tas de choses.

Hier MK a dit que si MK mentait, MK obtiendrait ce que MK désirait. Qu’en étant bien hypocrite comme il faut, en disant des phrases toutes convenues, celles que tout le monde attendait, on obtenait ce qu’on voulait. Je me suis vue en MK parce que j’ai dit ça tant de fois et pourtant je n’ai pas joué l’hypocrisie pour berner l’autre. Je crée du nouveau en tentant d’être dans l’instant présent en accord avec moi. Je n’ai aucun discours pré-établi avec MK,je ne sais rien, je vis ce qui se vit quand nous marchons dans la rue. C'est pour ça que MK dit qu'on dirait que je suis vierge ! 

Et là-dessus, je me plonge dans La commune : série française produite par Canal + (2007). Je n’avais pas fait le lien, mais en fait j’ai suivi le travail d’Abdel Raouf Dafri qui m’a interpellée sans que je sache que c’était la même personne (scénariste de Un prophète et Mesrine). 

Abdel Raouf Dafri montre une mécanique très intéressante que je commence à cerner (peu à peu). Après des détours de pensées et d’élaboration, j’en suis arrivé à « on fabrique de la délinquance pour que cette délinquance ne fasse pas la révolution, qu’elle ne remette pas en cause de le système, qu’elle permette au système de perdurer. tout est fait pour qu'ils ne soient pas des rebelles, car leur domaine d'hors-la-loi appartient au système. Ils deviennent les connards que la République veut qu’ils soient. Ca paraît  cynique. Et ça l’est. Mais j’emploie de moins en moins ce genre de mots comme cynique, ces mots d’une certaine morale. Je reviens à mes origines, ma réflexion sur les barbares. Ceux-là dans La commune ne sont pas des barbares, ce sont de bons élèves de la République : ils s’entretuent, ils se nettoient eux-mêmes, ils nettoient le macadam des petits parasites. On ne saura pas si l'Homme est bon, car la société le forme à son image. 

Dans Un prophète, j’aimais le fait que Malik soit un électron libre, un barbare, un roi. Parce qu’il est dans l’individualité. C'est intéressant de la part du scénariste de poser cette problématique de l’individu vis-à-vis du groupe, notamment par rapport aux groupes musulmans. Ce qu’on fait pour rester dans le groupe, à quel prix, à quel ramadan, à quelle obligation sexuelle ! 

Le groupe a quelque chose de mortifère et Abdel Raouf Dafri montre ça bien (Enfin !! je me sens en compagnie). Le groupe solidaire qui s’unit contre l’oppresseur, ça n’existe pas. On passe d’une autorité à l’autre : pas d’échappatoire et personne ne sort de la commune comme dans une prison. Mais c’est comme dans Un prophète, comme le taureau dans l’arène : ce n’est pas quelque chose de seulement géogaphique, c’est où va-t-on si on quitte toute autorité, si on est dans une vraie éthique (Spinoza est resté chez lui, a refusé le poste de professeur dans l’université la plus réputée de son temps, n’a pas publié l’Ethique de peur d’être assassiné) et pas dans la morale générale ? La vraie question est là. Ce n’est pas que une question de territoire , c’est la question d’Hannah Arendt : nous sommes dans un désert et nous voulons créer des oasis de liberté et de créations. Le désert avance, la commune devient le monde. Si aucune différence ne peut entrer dans la commune, comment du nouveau pourrait-il arriver ? Puisque tout est répétition. Dans l’enfermement (mental), tout est répétition. Et c’est ça qui finit par être violent dans La commune et dans notre monde : il n’y a plus de dialectique, il n’y a pas de différent pour faire dialogue, pour une respiration. Ce qui est mortel c’est l’un, l’unique, la société psychotique dont je parlais il y a quelques mois. Comme l’unique système capitaliste. Ce qui est mortel, c’est l’absence de notion d’altérité. De pouvoir concevoir que l’autre existe en tant que non-moi, en tant que distinct de moi. 

La société a tout fait pour que le groupe soit aliénant, et non pas une communauté qui fonctionnerait avec le modèle de la coopération. C’est parfaitement démontré dans La commune. J’aime le fait que Abdel Raouf Dafri montre les causes à effets sans discours, comme montrer voir ce qui se passe tel quel, comme le voile des illusions qui se lève. Evidemment, il y a toujours un point de vue. Mais comme il pourrait dénoncer la morale, le voile des illusions, il tente de ne pas nous replonger dans une autre morale, mais d’être a-morale.

Il y a toujours cette grande question : le mal est-il là à la base ? L’homme est-il bon et dégradé par le fait de vivre en société ? Je ne vais pas une dissertation de philosophie. Avant la question morale, que voit-on ? Ce n’est ni bien, ni mal que Yazid devienne un truand, c’est comme ça que ça fonctionne. Comme dans
Un Prophète et la prison. Sans amour, un enfant a beaucoup de chance de devenir un sadique, un pervers narcissique, un psychopathe. C’est clair, on le sait. Si un violeur n’est pas soigné, il resortira et violera à nouveau. Pourquoi on s’étonne ? On s’étonne de quoi ? C'est vraiment qu'ils n'ont pas conscience ? Ou qu'ils prennent du plaisir à la violence ? 

La prison, c'est l’école polytechnique du crime et c'est fait exprès, c’est fait pour que ces racailles ne fassent pas la révolution (la commune) mais deviennent des parfaits bandits mais pendant qu'ils sont bandits, ils ne font pas la révolution : c'est donc parfait. Il y a encore des gens qui sont pour la prison et l'interdiction de la drogue. Je suis contre la prison telle qu'elle existe et pour la légalisation de la drogue. 

Je reviendrai sur le mensonge car c’est mon cheval de bataille, c’est le cheval de bataille de tout un travail. Dans La commune, le maire pourri dit : « Personne n’en a rien à foutre de la vérité. » Pour survivre, on doit mentir.Je ne suis pas totalement d'accord. Même Yazid a un rapport intéressant au mensonge dans La commune, comment doit-on cacher pour survivre. Que doit-on dire pour survivre ? Il ne s’agit pas de tout dire, il s’agit de voir comment la manipulation opère. C’est quoi l’amour ? Un énorme concept fabriqué de toutes pièces pour diriger les foules ? L’enfer est pavé de bonnes intentions. Comment gérer sa pensée de derrière ? 

Je reviendrai sur les postures à prendre pour ne pas devenir un Yazid. Parce qu’il n’y a pas de raison de se dire : "Comme c’est des pourris, je serai un pourri. Parce que ce sont des putes, je serai une pute. Puisque c’est la solution que les femmes (majoritairement) adoptent." Comment créer autre chose ? 

Je reviendrai sur le mensonge de ceux qui ne peuvent pas faire autrement : je veux comprendre. Je veux voir.  

J’aime le sens, j’aime la cohérence et c’est ça que Abdel Raouf Dafri me donne, et ça me donne une vraie énergie. J’ai tellement souffert du décalage entre le geste et la parole. J'ai soif de cette cohérence. 

Je reviendrai sur la joie, le plaisir (la sexualité), la responsabilité. Et l’individuation, la traversée du désert ! car les non-dupes errent. C’est sûr que plus on est lucides, plus on est attérés et seuls car la majorité évolue dans des une purée de pois qui ne les dérangent pas : ils aiment ça, ils aiment être manipulés. Mais comme ils n'ont pas conscience il s’en foutent. Jésus (trop comique parfois) disent : « heureux les simples d’esprit »

Mais je reviendrai sur la joie. La joie de l'évidence, la joie de comprendre, la joie de la joie.  

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5 septembre 2009 6 05 /09 /septembre /2009 09:05

Depuis l'article sur Un prophète, j'ai lu quelques interviews de Jacques Audiard (j'avais écrit sans lire une ligne sur le film) qui explique très bien ce que j'ai voulu exprimer : le personnage de Malik, "créer à parti de rien", un homme sans histoire, l'Arabe qui ne serait pas un stéréotype... Je ne m'aventure pas sur la figure du père et la toute-puissance. Mais il y a ça aussi. 

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 18:53

Un prophète de Jacques Audiard (2009), Grand Prix Festival de Cannes.
Avec Tahar Rahim et Niels Arestrup


J'y allais avec appréhension. Deux thèmes qui me sont chers : la prison et les Arabes. Et un passage à Marseille, le lieu où tout bascule ! 

J'ai toujours une réticence avec Jacques Audiard et j'ai du mal à savoir pourquoi. Pendant le film, j'ai eu des moments de doute sur le déroulement de l'histoire, mais j'ai fini par lui donner du crédit et à m'abandonner. 

Ca me fait toujours bizarre de voir la prison pour les raisons que vous savez (!) et aussi parce que je ne sais pas pourquoi ce thème m'a intéressé. Ca me fait toujours un truc de voir des films de prison. 

Il y a sans doute le fait (peut-être trop simple et bien connu) que la prison, c'est une loupe sur la société. Comme le taureau dans l'arène. On te balance là sans te donner aucune clé et tu dois t'en sortir. Voilà ce qui arrive à Malik. Il est juste personne, il est juste un gars sans histoire, comme une histoire blanche : pas de parents, un foyer, pas de langue maternelle. On ne nomme pas le crime pour lequel il se tape six ans de taule. Il entre dans le monde sans connaître ses règles, sans savoir (le) lire, sans traduction. Comme le taureau dans l'arène. Pas à pas, Malik entre dans son destin comme il forge la personne qu'il devient. Celui qui n'est personne, qu'on prend pour personne, le larbin, l'Arabe devient un héros. Un héros du monde décrit dans le film : le vrai monde, pas celui qu'on nous propose soi-disant mu par une morale factice. Un monde hors-la-loi puisque le monde n'a pas de loi. 

C'est comme s'il y avait un truc à l'envers. On ne part pas de la morale, des schémas pour nous expliquer quelque chose, on part d'un humain qui n'a qu'une chose en tête : survivre puis vivre avec une certaine logique qui se forme à partir des expériences fondatrices qu'il vit dans l'endroit clos. Cette inversion donne une vraie force au film.

Elle me faisait penser à la phrase de Pascal : "La vraie morale se moque de la morale." La particularité de Malik vient de son unité, de sa solitude. Il n'est jamais dans un groupe, il est à part dans les groupes et son intelligence à être lui (en gardant toujours sa pensée pour lui) lui donne une liberté unique et particulièrement fascinante. Ce décalage dans lequel le destin l'inscrit le sauve parce qu'il en tire parti. Cette pensée de derrière (encore Pascal) et le fait qu'il ne s'aliène pas dans son esprit est sa force. Il ne se rebelle pas, il est plus intelligent que ça : il construit jusqu'au bout sa délivrance. 

Il ne se réfère pas à un modèle, à un père, à une loi. Il crée les conditions de sa survie en fonction de l'adaptation. Cependant il n'affabule pas, ne devient pas mythomane, ment assez peu. 

La fin est un grand moment. Elle relie Malik au thème de l'appartenance que j'ai rarement vue aussi bien développée. Malik lui-même en parle peu. Chez les Corses, il est l'Arabe, pour les Arabes il est l'Arabe sous la coupe des Corses. Il est donc ni chez les uns, ni chez les autres. Il est soit l'esclave, soit le traître. Arabes et Corses sont deux groupes et les individus dans un groupe disparaissent en tant qu'individu. Mais Malik, lui, devient une personne parce qu'il n'appartient à aucun groupe. Et il le comprend et c'est ce qui le sauve. Il s'adapte à merveille (intelligence), se tait, ne dévoile son jeu à personne, il garde les cartes de son destin en main. En cela, il est un héros. Le héros, c'est l'individu qui se décale par rapport au groupe et fait ce que personne n'a fait avant lui. 

On pourrait dire que j'attendais (sans le savoir) un beau film sur les Arabes (et sur la prison). Le voilà. Les humiliations (le parrain corse est au top quand il parle des couilles de ceux-là), les phénomènes de groupe et le héros arabe qui n'est pas un stéréotype d'Arabe... Incroyable ! Incroyable en France. Malik n'est pas vraiment arabe (il est sans doute kabyle d'ailleurs), il est arabe parce qu'on lui dit qu'il l'est, mais il n'agit pas comme on pense que les Arabes agissent. Il ne se conforme pas à l'image française de l'Arabe. Il est juste lui. Et c'est ça qui le sauve. Il ne joue pas l'Arabe, il ne fait pas l'Arabe.Et ça, c'est un des points forts et subtils du film. S'il cache des choses à ceux qui l'exploitent, il garde une intégrité. Il y a cette belle scène à Marseille où il rencontre un autre Arabe qui l'accepte tel qu'il est car il dit la vérité sur le meurtre qu'il a commis. L'autre le voit et comprend : "Toi, tu reviens de loin." Cette reconnaissance arrive comme une délivrance car en effet, ce que Malik encaisse seul est assez incroyable.  

Il y a cette belle scène de fin où Malik entre pour la première fois dans la cour de la prison dans le groupe des Arabes (il était avant avec les Corses) ; il n'y entre qu'en ayant acquis la place de premier. Il n'entre qu'à la place du roi chez les siens. Il retourne chez les siens. Là où il n'a jamais été puisqu'il n'a pas connu ses parents. 

Bien sûr, on a déjà vu ce thème de celui qu'on humilie qui finit par s'ériger à la première place. Le petit qui devient grand. C'est une sublime vengeance. Il les baise tous. C'est en cela que je me dis que c'est un beau film sur les Arabes. Comme un symbole. Comment sortir de l'image qu'un pays, voire un monde occidental, nous colle ? Comment faire son propre destin en dehors d'elle ? Comment inverser le rapport de force ? Malik en fait la parfaite démonstration, il utilise les règles du jeu pour les tourner à son avantage. C'est un très beau personnage d'Arabe parce qu'il devient un très beau personnage tout court, il se décolle du mot arabe et ne devient que lui-même. Il part avec tous les a-priori sur le dos : il est arabe, taulard, orphelin, analphabète. Voilà comment on les voit, comment on les pense et il nous fait un beau pied-de-nez : "T'as cru que je pensais qu'avec mes couilles !"

Vous me direz : "Oui, mais en sortant, il va devenir un super truand" mais ce n'est pas l'image que le réalisateur nous donne de son personnage à la fin : il est un jeune homme qui va s'occuper d'une mère et de son enfant. Un super truand sans doute, mais merci qui ? Merci la prison française ! Eh bah oui, les rites initiatiques quand on les traverse avec succès forment les hommes. La prison est l'école du crime, tout le monde le sait. La prison gâche des talents, la preuve ! C'est un choix de société, c'est un choix politique. Après, on pourrait avoir toute une réflexion sur la prison et la morale et la justice.

J'aime ce fil
m parce qu'il est comme débarrassée de la morale (voir mon article précédent, la fausse morale, les bons sentiments), il est pascalien : la vraie morale se moque de la morale. Quand on sait comment ça fonctionne (et c'est ce que Malik apprend), une solution : avancer avec la pensée de derrière et jouer avec les règles du jeu et sa paire de couilles. N'écouter aucune autorité !

Intéressant quand on voit le choix du milieu corse (dans un pays où François Sarkozy est président : no comment sur ses relations avec la Corse, sinon je vais avoir des problèmes) et celui de l'Arabe. Méfiez-vous du petit ! Le film ne s'appelle pas
Un prophète par hasard. 

Pour ce soir, je crois que c'est tout et je n'arrive pas bien à m'exprimer. J'ai juste une émotion très forte, sans doute dûe au personnage de Malik (d'où sort cet acteur ?) et à mes réflexions sur la prison, sur la morale en générale, sur la dureté du monde et à la place de l'humilié dans nos sociétés. Dans ce film, ça ne parle jamais de sentiments, il n'y a aucune place pour ça. Jamais. Et j'avais l'impression que c'était comme si je voyais le monde sans le voile des illusions et que j'étais devenue une grande personne : "Ah, c'est comme ça que ça marche ? Fallait me le dire avant !" 

Je repensais à quelqu'un qui me disait : "Quand on a perdu toutes ses illusions, c'est le nirvana." Et bah, ce film m'a donné cette sensation. Une émotion subtile. Comme découvrir là où j'habitais, de comprendre enfin ! D'ouvrir les yeux. Un rite initiatique en quelque sorte, pour moi, enfin ! Vive la fiction !

Ca m'a rappelé Stéphane, j'aimais l'idée que certaines choses étaient claires et dans le dur du sujet ! Je préférais la franchise du meurtre de sang aux meurtres affectifs des pervers qui circulent en liberté, ne tuent pas moins, mais ne sont pas punis. Je voulais apprendre à me battre au milieu des tigres puisque c'est ainsi que nous vivons. J'aurais dû suivre certains de ses conseils !!!!!! 

Je ne parlerai pas des Arabes ex-taulards dont j'ai croisé la route. Mais le film montre ce que je m'évertuais à leur dire. Quitte ta peau d'Arabe ! Ta peau d'Arabe vu par les Français.
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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 14:35
"J'eus l'impression que ma poitrine se déchirait comme s'il m'était infligée une merveilleuse blessure." La jeune vierge n'a pas d'autre choix que se couler dans l'étreinte du tigre qui retire son masque devant sa nudité à elle. Sans son masque d'humain, il apparaît dans la beauté de son animalité. 

Son père à elle l'a cédée à cette bête pour honorer ses dettes de jeu.

Il y a le silence, la musique fait trop mal, je profite du matin pour me faufiler dans les rues désertées par le ramadan. Je relis, en français cette fois-ci, les contes revisités par Angela Carter. Nous savions tout depuis l'enfance. Puisque nous lisions ces contes.

Il y a le vide. Un immense vide. 

Je m'étais mise à genoux pour ne plus être la proie du mensonge. Dieu en a rien à foutre, l'univers en a rien à foutre. Personne en a rien à foutre. O.K. Dans ce cas, il n'y aura plus de plainte. 

Je m'étais dénudée puisque, de toute façon, c'était trop tard. 

J'ai vu que j'ai été élevée dans la froideur. C'est ainsi, je n'y peux rien changer. Il n'y rien à faire que mettre ses pas dans le présent et le vivre pleinement. Respirer maintenant, jouir maintenant. Miam ! La froideur n'a jamais entamé ma chaleur, la chaleur à m'exalter des joies et des jouissances, de mes pieds à ma tête. 

Il n'y avait personne sous le masque de la froideur, que le vent. Dès l'enfance, je devais être une autre que celle que j'étais. "Ah si tu avais été une autre, mon enfant, nous aurions pu t'aimer." C'était comme une promesse d'amour avec un "si" devant. Rien à voir avec l'amour inconditionnel dont nous devrions être nourris à la naissance pour avoir cette confiance indispensable. 

Il y a quelque chose de très doux en moi, de duveteux comme les plumes d'un caneton, de la texture du Chamallow, et comme j'avais dit à mon coach (d'écriture) qui m'avait dit : "Il s'est passé quelque chose dans votre enfance pour que ça saigne comme ça, il va falloir que vous dîtes ce qui s'est passé. Comment faire pour ne pas vous aimer comme vous êtes ? Vous êtes dessinée pour le bonheur. Vous êtes jolie, vous avez du talent, vous avez une telle capacité d'aimer." J'avais répondu : "Je ne sais pas pourquoi ils ne m'aiment pas. Je vais raconter l'histoire d'un Chamallow bourré de verre pilé à l'intérieur." 

Je sais la tendresse de mes gestes, de ma peau, de mon coeur et de mon âme. Et j'ai marché dans le désert, assoiffée avec mes formes en joie et les battements de mon coeur qui clamaient le bonheur. Il aurait fallu que je change tout ça ? Que je jette mon coeur, mes formes, ma tendresse, le moelleux qui fait que je suis ce que je suis ? Que je balance aux orties mes mots que j'ai ciselés année après année, l'amour que j'ai tissé dans l'ombre ?

Mon père m'a fait croire qu'il m'aimerait si je changeais, je sais aujourd'hui qu'il ne m'aurait pas aimée quoi que je change en moi. Je suppose qu'il aimait me voir pleurer, qu'il n'a jamais ressenti d'empathie en voyant les angoisses de sa petite fille qui ne faisait que ce qu'elle pouvait. 

Il y a un coeur qui bat en moi avec tout son moelleux. Il y a les crocs qui sortent quand on marche sur mon intégrité. Les crocs défendent la tendresse de mon coeur. C'est l'inversion des valeurs (grande supercherie des catholiques). L'enfer est pavé de bonnes intentions. Ceux qui se disent bons avancent masqués pour mieux nous enculer à sec. Ceux qui gueulent tels des barbares essaient d'injecter un sang neuf dans l'hypocrisie qui dirige le monde. Merci Médine : méfiez-vous des discours écolo, bon enfant, chrétien, amoureux ! Nietzsche a raison. Ceux qui aboient ne sont pas toujours les plus méchants. Ceux dont les femmes sont voilées ne sont pas les plus machos. Pas toujours, pas tout le temps. 

On devrait regarder à deux fois les crocs, car souvent ils défendent un trésor. 

Je ne sais pas mentir. Je ne sais pas mentir quand je suis nue, quand je suis habillée. Je ne suis pas une simulatrice, mais j'en connais qui marient les simulatrices, au moins elles ne font pas chier avec leur jouissance. Elles se couchent, mais elles ne s'abandonnent pas. Elles ne la ramènent pas, mais elles ne jouissent pas. Ils vivent dans le mensonge même au plus intime d'eux-mêmes. Et ils sont malheureux. 

Pour moi, rien ne vaut l'abandon, l'abandon de la confiance et l'abandon de la jouissance sexuelle. Car il est une pichnette à toute la défiance dans laquelle la société essaie de nous entretenir. C'est en s'abandonnant, en fabriquant de la confiance (le formidable outil de résistance) qu'on résiste dans la guerre actuelle. 

Il n'y a rien de plus simple que la sincérité. Que cette sincérité-là. Mais je ne parle que pour moi. Il n'y a pas une vérité. 

Je suis arrivée nouvelle le sol américain. J'avais parlé de la révolution de l'amour, que tout était à créer dans l'amour. Change is always good. C'est la répétition qui est mortelle et mortifère. Plus ça va, plus je comprends ça. 

J'ai de moins en moins peur. 

Même dans le monde terrible dans lequel nous vivons, le monde qui aime l'hypocrisie, la domination, le narcissisme, la consommation ("je te baise, je te jette") des âmes et des corps. O.K. c'est votre choix, ce n'est pas le mien.

La consommation ne me nourrit pas, j'ai faim, je suis une putain de résistante. 
 


Moi dans la pelouse du terrain de foot et le lac salé (Utah, USA)
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26 août 2009 3 26 /08 /août /2009 19:17
Je pense a Sheherazade a laquelle je pensais avant de venir aux Etats-Unis.

Depuis l'enfance, j'ai vecu dans les histoires, la vie est une histoire qu'on se raconte... C'est comment on prend les evenements... On le fait chacun a notre maniere... Sheherazade entreprend de reconstituer la confiance d'un homme qui a ete trahie par sa femme. L'homme surprend sa femme au lit avec un autre homme. Fou de colere, il les tue tous les deux et decident de prendre une vierge par nuit qu'il execute le lendemain. J'ai mis longtemps a comprendre ca : quand on n'est pas dans la confiance, il peut nous arriver de consommer des corps et de les jeter le lendemain sans prendre le temps d'imaginer que ce corps abrite un coeur, une ame, une histoire, un etre humain. Quelque part, on les tue en les jetant. Comme l'homme des mille et une nuits. Sheherazade decide de garder sa vie en lui racontant des histoires dont il veut connaitre la suite le lendemain. Son desir d'ecouter la suite de l'histoire de l'homme aura raison de sa colere au bout de mille et une nuits. Quand nous entrons dans une belle histoire, nous nous reconstruisons lentement et surement. Bien souvent, les gens lachent l'histoire, ils ne creent pas la beaute de l'histoire, ils ne se racontent pas une belle histoire.  Ils ne se racontent rien, je ne sais pas ce qu'ils font. C'est a nous de tisser la beaute de l'histoire comme Sheherazade qui sauve sa peau et celles de toutes les vierges de son pays. Parce qu'elle a confiance en la puissance des belles histoires, de ce qu'elles nous apprennent comment evoluer parce qu'elles sont riches d'enseignements.

Peut-etre est-ce pour cela que j'adore les histoires parce qu'elles eclairent ce que nous vivons, parce qu'elles nous servent a nous fabriquer le reel dans lequel nous decidons de vivre. 
Aussi quand nous rencontrons un autre, il semble important de savoir quelle histoire on se raconte : cest un gros et long travail de communication dans lequel il faut accepter qu'il y aura toujours quelque chose qu'on ne comprendra pas chez l'autre et c'est une dure pillule a avaler !  Chacun arrive avec sa facon de se raconter le reel et il y a 6 milliards de versions et encore il faut rencontrer un autre qui est un minimum honnete avec soi-meme. Les mots que nous employons ont-ils le meme sens ? On revient aux dialogues socratiques : parlons-nous de la meme chose ?

J'ai l'impression de me lisser, de me simplifier, que les feuilles d'artichaud s'en vont petit a petit et qu'il ne reste que le coeur, libre, a l'air, denude. Le temps est un lisseur, est un nettoyeur, je comprends ce que les Taoistes nomment le non-agir. Moi qui adore l'action, j'ai souvent grince des dents parce que je voulais agir et j'ai appris a regarder ce qui se passe, a incarner le present et a regarder ce qui se passe en essayant de ne pas projeter : puree, c'est hyper difficile. Car, bien souvent, on suppose ce que les autres pensent, ce qui nous donne une illusion de pouvoir et on oublie d'etre dans la realite qui se deroule sous nos yeux. Je realise comme j'ai commis cette erreur, tres banale. J'ai un peu les boules. J'apprends dans l'ecriture de mon roman a juste dire les faits, sans commenter, ni tordre l'histoire. C'est interessant de lire les contes de mille et une nuits dans cette perspective. Les amoureux de ces contes connaissent des epreuves insenses avant de se retrouver. Je n'avais pas compris l'enseignement de ca : les epreuves, le temps, le test de la confiance. C'est l'oppose de la consommation. C'est en soi que l'epreuve de l'amour se joue, je sais que j'ai deja parle de la toute-puissance, notion qui envahit l'enfant qu'il, grace a l'amour d'une bonne mere, apprend a gerer pour pouvoir avoir acces a l'autre. Ai-je deja parle de la deprivation qui est le fait d'etre prive de cette bonne mere qui fait que l'enfant ne peut pas developper une confiance minimum en l'entourage et qui fait que la toute-puissance va le bouffer et le dominer et qu'il aura de grandes chances de devenir l'esclave de sa toute-puissance et un delinquant (se croire au-dessus des lois est bien de la toute-puissance en puissance).

J'ai souvent cru que si ma toute-puissance n'etait pas satisfaite, c'est que je n'etais pas aimee : j'ai depasse ce stade. Je sais que les epreuves et le temps sont de mon cote si j'ai confiance. J'ai eu ce probleme lie a ma mere et ce n'est de la faute de personne. Etre prise puis jetee, prise puis jetee, avoir une mere qui change d'humeur en une seconde fabrique une angoisse primitive difficile a soigner. Depuis toute petite, j'ai eu cette peur du changement d'humeur chez l'autre, c'est lie a ma peur de la punition et j'ai tout mis sur la table. J'ai compris des choses a propos de ca. J'ai plus de paix avec moi-meme. Je suis responsable de moi, je ne peux pas etre responsable de l'autre et de ses changements. Je reste centree.

Maintenant, mes humeurs ne dependent plus de celles de ma mere parce que je suis une femme et que la separation a eu lieu. L'amour avec un homme, c'est totalement autre chose. Quelle bonne nouvelle !

J'ai dit que la vie me lissait pour me rendre comme neuve face aux evenements de la vie, sans arriere-pensee, sans a-priori (ouhaouh juste j'essaie), pour me sortir des conditionnements et des determinismes moraux. Etre en amour, c'est arreter de plaquer (en finir avec la version psychotique de la vie), de projeter, c'est accueillir l'autre en prenant place dans le present et le temps et observer ce qui se passe.

Quand on aime quelqu'un, on l'aime. Juste on l'aime.
Quand on est aime, on est aime> Juste on est aime.

Ce sont des faits, ca n'a rien d'intellectuel, de cerebral. C'est limpide, clair, evident. Comme un rayon de soleil sur la moquette, comme le desir qui irradie dans le bas-ventre> Ca vient, c'est la, c'est la, ca nourrit, c'est chud, tendre, doux.

Je sais que ce qui m'enerve, c'est ce decalage chez certaines personnes entre des enonces moraux et les faits. Mais bon, sur ce sujet, il faut que je lache-prise et que je n'y pense pas car ca me tend les muscles du cou. Je suis d'accord avec Scott Peck le mensonge est le mal. Quand on apprend que quelqu'un nous a meti, on a la conscience qu'on n'existe pas pour lui, qu'on est du neant. Quand on dit que le verite blesse, mais que le mensonge tue, c'est vrai. A long terme, ce'st vrai. Les gens parlent de fidelite tout en etant infideles. Sujet qui ne me concerne pas directement. Il doit y avoir des livres sur l'invention de ce concept qu'est la fidelite, comme il y en a sur le mariage.

J'ai envie de faire le pas de cote, faire table rase et construire quelque chose de nouveau. J'ai deja parle de cette idee que l'amour, c'est ce qui cree du nouveau apres avoir fait table rase des preceptes.

Je sens comme une petite paix interieure, une petite respiration.

Comme j'ai nage a travers ces peurs d'abandon. Dans ce monde de consommation, ou l'autre est un objet de consommation. Ou moi, j'investis l'autre d'une histoire. Consommer ne permet pas d'atteindre le vrai plaisir, mais en fait ces gens qui consomment ne peuvent pas imaginer ce qu'est ce vrai plaisir. Comme creuser une intimite jour apres jour pendant des annees, c'est vraiment autre chose que de consommer une chatte une nuit. Mais j'ai mis du temps a comprendre que plein de gens ne connaissaient pas la profondeur d'une intimite qui prend son temps. Ca n'a aucun rapport. Je me dis que la consommation produit une sensation  physique et chimique qui empeche l'acces de ce qui se creuse dans la duree. Je vais un peu vite dans mes raisonnements, desolee. Je suis un peu contre les generalites... Desolee. Il y a aussi des nuits uniques magiques qui changent des vies...

J'aimerais avoir la force et la conscience de vivre ce que la vie m'apporte plutot que de me laisser bouffer par la frustration de ce que je n'ai pas. Je fais des progres. J'ai envie de vous dire que c'est possible. Sheherazade est rare,  le bonheur est rare, l'amour est rare dans une societe de consommation qui nous fait croire que la satisfaction instantannee de nos desirs est la cle ! Plus vite ils sont satisfaits, plus vite on sera en demande a nouveau. C'est une societe qui nous maintient dans un etat d'immaturite et de dependance adictive. Mais on peut lire les contes des mille et une nuits, voir, attendre, entrer en patience.

J'avais une telle envie de douceur, de moelleux, de rondeur ces derniers jours, comme on m'a souvent dit que j'arrivais avec cette douceur... ce moelleux... quand j'arrivais quelque part. Naomi disait qu'il avait tant d'amour qui irradiait dans ma facon d'etre la, dans le present, dans la rondeur de mes gestes, dans ma presence si presente, qui est le plus beau cadeau qu'on peut faire a un autre. 
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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 06:21

J'ai ete sauvee par la verite et en meme temps j'ai compris comment on tuait ceux qui disent et vivent dans la verite. Puisque nos civilisations reposent sur le mensonge. Socrate a ete tue parce qu'il poussait les jeunes a se connaitre eux-memes et a prendre soin d'eux-memes. Parce qu'il leur enseignait les cles du dialogue, de pouvoir confronter des opinions differentes dans une dynamique de pensee afin de mieux approcher la verite. L'Etat l'a condamne et il a accepte la sentence car il savait que les lois etaient necessaires a la vie de la cite. En fait, tout est la, c'est tres simple et il m'a fallu vingt ans pour comprendre mes cours de philosophie, pourquoi et comment ca derange certaines personne mes etudes de philosophie. Ca les derange qu'on ait cette capacite a chercher une verite, a vouloir etre soi, coute que coute pour etre libre et s'aimer soi-meme. La verite, c'est l'histoire qu'on s'invente. On ne peut pas imposer une verite alors que la societe passe son temps a nous imposer le mensonge. Donc je comprends mieux pourquoi tant de gens sont morts pour etre dans la verite. Je suis sympa je ne vous parle par du Che. Se connaitre soi, savoir prendre soin, savoir, s'exprimer, ce sont de vraies armes, c'est pour cela que certains gouvernements ont tendance a ne pas eduquer leur population et bon, je ne parlerai pas des femmes... J'y reviendrai.

Savoir la verite m'a sauvee. J'ai su ensuite comme la parole de l'autre m'avait manipulee enfant, en detruisant une base de construction que je n'ai pas eu pour me construire : savir me defendre quand on menace qui je suis. J'ai enfin constate le travail que j'ai fait pendant un an avec quelqu'un qui m'a appris a me detacher de la parole nauseabonde et nocive d'autrui. Elle n'entre plus en moi pour me detruire parce que j'aime la personne que je suis, je l'aime dans le sens ou j'ai plus de bienveillance et d'empathie pour cette personne que je suis dans ses limites, ses imperfections, ses tentatives et ses tentations. J'ai appris a me connaitre, prendre soin de moi, poser mes limites, a dire (ca, y'a encore du boulot puisqu'il y a cette peur de la punition liee a mon enfance et qu'on te le fait payer parfois), vivre seule avec moi-meme. Quand on est une bonne compagnie pour soi, notre relation aux autres changent : on n'est plus en demande, on n'est plus dependant de leur regard et de leur avis. On est plus libre et donc plus heureux. Je reviendrai a Spinoza (et la soumission volontaire qui est plus facile).

Ah oui, il faut que je parle du centre... de soi car j'ai aussi compris ca alors qu'on m'en avait parle et ca me semblait flou. Si on est centre, on sait sa verite, on sait qui on est, ses desirs, sa jouissance (ca aussi on en reparlera... car j'ai un bon dossier : la capacite de jouir d'une femme et ce qu'elle en fait), on n'est plus le jouet des changements exterieurs. Les autres, souvent si decentres, nous entrainent dans leur fluctuations car ils ne savent pas qui ils sont, ou ils en sont et c'est penible. J'ai aussi rectifie ca ces derniers temps, je sais ou est mon desir, ou se situent mes choix donc je me detache des incertitudes de l'autre et de ce qu'il veut faire avec moi. Il s'agit d'avoir confiance en soi et j'ai de plus en plus confiance en moi, et meme en mon instinct : tout cela n'est pas intellectuel. Quand je sens, je suis ce que je sens. La meditation aide. Etre centre rend plus libre surtout dans un monde qui adore la confusion des sentiments. C'est un sacre bordel, chacun emploie des mots pour se raconter des histoires, tant de gens mentent ! Moi je lache l'affaire car je ne comprends pas pourquoi les gens mentent.

J'apprends a lacher-prise et je comprends mieux ce que c'est. Je lache la maitrise. La parole des autres est plus loin quand elle tente de tuer mon estime de moi qui a ete si malmenee dans mon enfance. J'ai grandi avec la phrase d'un parent qui disait que je n'etais pas aimable. La guerre est finie. J'etais et je suis aimable puisque je m'aime, je m'accepte avec mes defaillances et mes espoirs donc ce parent avait tort. Je n'ai plus de colere, je n'ai pas de depit parce que c'est encore donner un pouvoir a l'autre. Je n'ai plus besoin de consolation, de reparation, c'est encore donner du pouvoir a l'autre a qui j'ai trop donne de pouvoir, j'ai fait pas mal de travail sur moi : je ne peux pas retourner en arriere. C'est ca, l'eveil spirituel. On voit, on perd ses illusions, on est face aux choses : brutes de pomme. Ouhaouh ! en fait je suis fiere de moi. Meme si j'ai encore honte... de choses... La perte de temps... surtout... J'ai rame longtemps... Oh la.

Je ne dirai pas la verite que j'ai apprise, je parle du processus, la verite en soi m'est personnelle. Je reviendrai sans doute sur le mensonge, ma grande bataille.

Si la parole de l'autre se detache et n'ebranle plus mes fondations (il aura fallu 38 ans), une jolie parole qu'on m'a dite il y a quelques temps dans un contexte anodin et leger m'est revenue pour me soutenir dans une journee solitaire et elle devrait aider chacun de nous comme une parole de Gimini criket interne qui nous aide quand on se sent seule au monde et mal aimee : "Pense a chaque instant que tu es belle, ca eloignera tous les connards qui veulent te faire chier." Les mots etaient moins vulgaires, mais c'est l'idee. Ca voudrait dire : "Aime-toi, aie conscience de ta valeur et les parasites ne viendront plus te prendre la tete." Cette personne m'a dit d'avoir confiance en moi, en ma capacite a surmonter l'epreuve. Je crois qu'elle est venue dans ma vie quelques jours pour delivrer ce message qui m'a fait un choc. J'ai su que la guerre etait finie.

Meme si je garde les outils et les armes. in my pocket. Voici un grand sourire !

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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 15:51
J'ai ete sauvee.

Je raconterai quand j'ai plus de temps.

Tout est a venir, le meilleur est a venir.

Je vais boire mon cafe et sauter dans ma robe.

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21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 19:15

Est-ce qu'on dit que quand on est en prison, on est a l'ombre ? A l'ombre, c'est quand on est dans la foret pour reflechir a soi, sur soi, le temps de la reflexion, de mourir a certaines choses en soi, a certains comportements. Je vois comme ntore societe ne favorise pas le temps dans la foret, le temps du deuil parce que se retrouver dans l'ombre de la foret, c'est se retrouver dans le vide, c'est traverser le neant comme Frodon dans Le seigneur des anneaux. Notre societe moderne a tue les rites initatiques, ces passages dans la mort necessaires pour renaitre. Tout a coup, je suis fiere de moi pour m'etre isolee comme peu de gens le font. Pendant des mois, il y avait  les pleurs, le silence, le regard du chien, mes complaintes, mes doutes, mes grandes interrogations. Je comprends mieux ce que j'ai lu dans des livres de sages : il faut que je lache le jugement. Je connais mes limites, la ou personne ne prend mon energie, mes frontieres ou dedans le feu brule : aucun parasite en vient la. Je suis mon propre gardien, ma sentinelle fidele et je sors les crocs si tu tentes de me salir. Ensuite j'essaie de ne plus juger les comportements des autres que j'ai essaye en vain de comprendre. Je comprends aujourd'hi comment et pourquoi il etait impossible que je les comprenne. Ces autres sont des extra-terrestres pour moi et aujourd'hui peu m'importe. La plupart des gens sont englues dans l'ignorance et n'ont aucune notion de l'ampleur de leur ignorance. Le christ etait affole pour tout ca : "Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" et c'est tous les jours ca. Ils ont mal alors ils font mal, comme un enfant : "Na". Et bah salut !

J'avance dans l'ombre depuis des annees, je prends ma lumiere, le fruit de mon lourd travail, toutes ces heures (que j'ai tellement juge avec mon surmoi, que d'autres ont juge : Tu ne fous rien de tes journees vu que tu ne gagnes pas d'argent, je me suis torturee en me jugeant mal, en me critiquant parce que je n'etais pas une hyene, un chacal, une connasse, une salope... une pute ! La je ne rentre pas dans les details car ca ferait mal) ou j'ai travaille en lisant, en pensant, en regardant le plafond. Et tu sais quoi ? J'ai acquis de la sagesse et de la force. Je comprends pourquoi Spinoza a passe des heures seul... J'ai compris combien ca prenait du temps pour elaborer une pensee et la retransmettre. Il y a quelque chose qui se tisse dans l'ombre. C'est un vrai quelque chose. Comme dit le tao, du vide tout se cree. Je suis en train de prendre conscience de ca d'une maniere difficile a decrire tellement c'est profond. Et aujourd'hui, cela m'apparait comme une evidence alors que je marchais dans le brouillard pendant des annees, je retournais les problemes dans tous les sens : rien ne fonctionnait. Il a fallu beaucoup de vide, beaucoup d'austerite, beaucoup de colere.

Je vois qu'il y a encore du travail a faire. J'ai juste un peu plus de solidite en moi car je m'aime plus donc je me defends plus, je defends la personne que je suis qui est precieuse par tout ce travail effectue dans la solitude, sans parler du travail d'ecriture. Du terrible deuil que je dois faire : pas d'homme pour me soutenir dans mon travail d'oeuvre litteraire (et ce n'est pas une tache super facile mais bon la majorite des gens s'en foutent alors qu'un ecrivain c'est precieux de nos jours, ca a quelque chose de sacre). Il me faudra relire Le carnet d'or de Doris Lessing. Je ne suis pas responsable des choix des hommes que je rencontre et je travaille en ce moment cette chose de ne pas les juger car c'est juste que ca me prend du temps et de l'energie. Et que je sais que je ne comprendrai jamais pourquoi des hommes preferent des connasses. Mais je ne regarderai plus ces connards ! Ouhouhouh ! Vive la conscience ! J'ai ma personne qui me prend par la main dans la foret et qui met des tissus doux sur mes plaies : "Tu peux etre fiere, tu es independante financierement, tu n'as pas signe de contrat de dupes, tu as defendu l'ecriture, tu as defendu les choix spirituels qu'il fallait defendre." Cmme dirait Vesna, bah ouais toi t'as pas fait la pute. J'ai refuse de me marier ave un pharmacien pour l'argent. Yeah ! Vive la liberte ! Je mourrai pauvre, mais tellement riche et pleine. Quand on fera mon autopsie, on trouvera dans mon corps des bonbons entoures de papiers de couleur, des bulles de savon, des pierres precieuses, des poesies, des chansons...Les tresors de ma mine interieure.

La photo est prise il y a quelques jours a Sugar house park, la pelouse ou j'ai rencontre Bel-Ami quand j'avais seize ans.

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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 18:35

Je ferai comme Anne a dit, je tacherai de faire ainsi : ne pas ceder a la tentation du desespoir. Je ne cederai pas a la tentation de la detresse. Hier j'ai ecrit a quelqu'un que j'aime que j'etais la femme la plus heureuse du monde, parce que j'etais ici, dans la conscience et l'acceptation de ce qui etait, dans la gratitude et la grace. Il y avait si peu de chance pour que je vienne au monde, il y avait si peu de chance que je fasse cette rencontre, il y avait si peu de chance pour que ce desir se realise. Alors j'ouvre les bras au ciel et je dis : "merci". Tous les mots du monde seraient si peu pour dire ce qui me traverse. Personne ne sait ce que je vis et je temoigne quand meme. Etre en amour, ce n'est pas etre vaincu meme si en amour, on ne maitrise pas grand-chose. On pense toujours qu'on va mourir de ces sensations et ces sentiments qui nous submergent, j'essaierai de garder mon immense tendresse pour la tentative de chaque jour. Ma liberte, c'est de l'aimer, de traverser le jour avec tout ce qui m'habite et de deposer les armes. Parce que je ne serai pas en guerre. Je ne serai pas en guerre ni contre moi, ni contre personne. Je donnerai mes larmes  la pluie. Personne ne me prendra ce que j'ai ressenti, l'admiration et la tendresse que j'ai eu pour lui et que j'aurai pour lui. Quelque fois il faut avoir de la compassion pour ce que nous sommes. Personne ne remplace personne. Personne n'est a la place de personne. Et aucun mot ne dira. Ce que je porte en moi aujourd'hui. Je tombe dans l'univers, je ne m'en voudrai pas pour m'etre abandonnee. Parce que je l'ai fait avec amour, amour pour moi, amour pour lui, amour pour notre "nous".

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