Je voulais parler d'Intouchables, le film.
Me sont venues tant de choses.
Comme une très belle revanche... Il faudrait en parler des heures et comment leur expliquer ?
J'ai pu en discuter avec Nico et c'était sans doute le plus important. Et la discussion ne fait que commencer...
Quant aux Français, ça ne vaut pas la peine d'en parler. Je lâche l'affaire... Ils sont complètement tarés.
Puis, j'ai vu Au pays du sang et du miel d'Angelina Jolie.
Ouahouh... Là aussi, tant de choses. Trop...
Angelina Jolie donne à voir ce qu'on ne voit jamais ! Et comme on ne le voit jamais, c'est dur de mettre des mots dessus. Et perturbant.
Elle est une grande, elle pose les pieds là où c'est interdit, là où tout le monde s'en branle, où personne ne voit. C'est toujours ce truc : comment les gens font pour ne pas ressentir, pour ne pas voir ? Mes collègues me disent que ce sont des mécanismes de défense... Ah... Le clivage, le déni, la projection, la psychose, la névrose... EUh... je comprends bien ! Moi-même, j'ai du mal à identifier, enfin je vois, mais je ne valide pas. J'apprends... Oups !
Faut dire que quand tu es élevée dans le double-bind, dur de ne pas péter un plomb. Oh, j'en ai pété pleins !! Ha ha ha.
Une amie m'avait dit en parlant des relations hommes/femmes : "C'est la guerre." Angelina le prend au pied de la lettre.
Nous sommes violées, prisonnières... Artistes. Belles. Mortes.
C'est pas cool, ça, non ? Hahahaha....
Ce n'est pas la plainte, c'est cool de montrer ça pour avancer.
Pour sortir du double-bind justement, pour bien identifier.
"Comme ça c'est fait, comme ça c'est clair."
Je veux voir la violence en face. J'ai souvent dit : "J'aurais préféré les coups."
Que ce soit clair.
Comme montrer ce que Booba dit pour avancer et la mener cette guerre.
Notre société est terrible pour ce manque de contenant, de conflit clair... Ca glisse, ça creuse... Les gens sont ouf. A cause de ça.
Double-bind, toute-puissance, no limits.
Booba, oui c'est mon moi-carapace. Tu lances une balle sur son torse, ça rebondit... C'est impératif pour moi élevée par des oufs qui m'ont fait douter de ce que je ressentais.
Comment ne suis-je pas devenue folle ?? Je suis une génie, les gars.
C'est en regardant Booba en face (pas seulement !!) que j'ai appris à être une femme.
Parce que je ne comprends pas trop ce que c'est, une femme.
L'héroïne d'Angelina, on ne lui demande jamais où est son désir. Elle n'a pas de désir.
Monter sur le ring face à Booba, c'était ça (je ne savais pas toute l'écriture) : ne plus être l'objet de désir, mais devenir le sujet désirant.
J'ai payé cher. Ouhaouh !
Quand tu avances en désir, ouahouh ! C'est énorme ce que tu vois. La majorité ne te le pardonne pas.
On m'avait dit : "Attends le bon vouloir de l'homme, toi, ce que tu fais dans la vie, ça ne compte pas, tu es une femme. Faut juste attendre le commandant de guerre comme dans le film. Tu es là prisonnière dans une chambre et tu attends qu'il avait envie." Ce n'est même pas une métaphore, les amis.
Mais je comprends hier ce que j'explique à Nico. On ne peut pas donner des impératifs de patience à l'autre. Mon temps, c'est moi qui le décide. Personne ne me dit ce que je dois attendre !
Et toi, en tant que femme, tu fais comment ?
Comment inscrire autre chose ?
Nous sommes un peuple exterminé et nous sommes la moitié de la population mondiale.
Besoin d'identifier la violence distillée dans nos quotidiens... c'est comme du verre pillé dans notre nourriture, phrases de déstabilisation, semer le doute, contradictions subtiles, gestes en opposition avec la parole... Bon...
Et y'a le cash.
Que je l'aime !
Je rigole : "Pourquoi tu veux me payer un café alors que tu veux me fourrer ?" Je ne comprends pas.
Comment faire ?
Bah déjà, je refuse le café et le reste. Faut pas déconner. Booba ne propose pas de café.
Je ne sais plus rien.
"C'est la guerre." En vrai.
Je ne suis plus triste. Je voulais juste savoir. Enfant je pleurais des heures en disant : "Je veux savoir." Et ils me torturaient... des heures. Le pervers n'a qu'une arme : il ne te dit jamais.
Bon bah très bien, ne dis rien. La terre tourne !! Ahahaha...
Et maintenant je sais que c'est normal de vouloir savoir. C'est normal d'avoir besoin d'amour, enfant.
Enfant, je savais déjà. Il faut que j'apprenne à valider.
Parce que la société vit de mensonges... et les gens pataugent dedans comme de la boue et ils font "floutch floutch" et ça leur plaît.
O.K... C'était juste ça... Oui ? Oui.
Oh...
Tu sais quoi ? Il nous faut être fous pour être normaux !!! La formule est de Lucien Israël.
J'ai souri quand j'ai vu son regard.
J'ai aimé sa franchise. Je n'avais jamais ressenti ça, ou il y a longtemps. C'est très étrange. J'ai lâché quelque chose. A vie.
Entre parenthèses j'ai trop ri en lisant l'article sur la viande halal. J'ai dit que je ne savais pas qu'ils égorgeaient les bêtes sans les assommer. Oh là, je riais trop : "Tu crois qu'ils endorment les enfants quand ils leur découpent le prépuce ou le clitoris ?" Ils s'en passent souvent, je te le dis ! Alors une vache ! Mais je riais... Les gens sont dingues ! Non mais je te jure : "J'y crois pas."
Les gens sont morts dedans eux : regarde un bébé en train de se faire circoncir. Regarde son visage, écoute son cri.
Il me manquera quelque chose à vie, et les enculés ont joué avec ça... Juste parce que je ne l'avais pas eu enfant. Ils leur manquent quelque chose à vie, mais je n'ai pas joué avec eux. Bah ouais, je suis une fille cool.
Ah ah ah !
Mais anyway, mon ami, l'humanité chie sur les femmes et les femmes, chais pas ce qu'elles font.
Mais, je danse sur le parapet, tu le sais. Je tricote, tisse, sais. Hihi et personne ne sait ce que je sais... IZI !
Je tisse mon désir en écrivant. En dansant. En sachant. C'est la joie de Spinoza, de savoir que tu savais... Identifier, valider, nourrir sa puissance d'agir, c'est la liberté du savoir.
"Le savoir est une arme, je suis calibrée, je ne suis pas tebé."
Et comme nous sommes en guerre, on lit des livres de stratégie et on rit...
La joie est une arme. La joie du savoir.
Hédonisme cynique... Jouir comme arme, indépendants comme arme, pleurer comme arme.
J'ai souri quand j'ai vu son regard. Et je l'ai regardé.
Je l'ai regardé vraiment.
Nous étions d'accord sur la patience. A quoi ça sert ? Attendre quoi ? Les autres sont incapables de répondre.
J'ai compris autre chose. Mais je suis incapable de mettre des mots dessus. Pas encore...
J'ai juste ressenti une sensation nouvelle. C'est tellement rare les gens qui s'ouvrent à la sensation nouvelle...
Il avait envie de voir mon désir.
Je lui ai dit : "Ca existe ?"
Je croyais que ce qui comptait, c'est votre désir et qu'on soit vos objets de désir. Un objet, tu vois ?, ça ne désire pas.
On est un trou et vous nous chopez, voilà. Les hématomes dans le vagin, ça ne se voit pas. Bon, je ne vois pas à quoi ça sert vu que je ne suis pas un objet.
Mais, j'ai compris que certains peuvent apprécier le désir des femmes. Des femmes désirantes, non-excisées du cerveau...
Ca existe ?
Oui, ça existe.
C'est risqué d'être une femme sachante et une femme désirante. Ils te tuent tous les jours pour ça (je parle de vraie mort).
Mais, n'oublie pas, Angelina Jolie existe, elle est très riche, malgré son maigre corps. Et elle a la force.
N'oublie pas, Booba existe. Il a la force.
On a la force de ceux qui reviennent de là où on ne revient pas.
J'ai dit : "Ne t'inquiète pas, je suis folle."
Il a dit : "On est deux fous, alors !"
Bah oui, les gens normaux sont totalement malades. Au secours !
Je me suis dit : "Mais, putain ! Toute cette prise de tête pendant toutes ces années."
Ouahouh ! C'est tellement immense que je n'ai pas de mot.
Moi sans mot, bouche bée.
Je sais. Je sais un peu.
Merci Booba !
Mais c'est un vent de liberté quand tu n'as plus d'illusions.
Tu as un goût amer, mais tu vis.
Puis le goût amer se noie dans les rires, les jeux, les instants présents cachés, les larmes, la conscience de la mort, les têtes renversées : hédonisme cynique.
Je suis morte, on m'a tuée une fois de plus, je souris.
Avance, avance, avance.
C'était ça, moi, mon destin. L'immense tristesse en devant accepter que moi, je n'y avais pas droit... Entrer en puissance, lâcher la plainte, car la plainte est une façon de se faire repérer par les enculés.
Ca fait très bizarre d'entrer en vérité, mais j'ai toujours eu, la vérité.
On m'a tellement dit que j'étais anormale...
Parce que j'étais en désir, parce que j'aimais jouir, que j'aimais rire et écrire.
Alors, c'est quoi le problème ?
Danser nue sur la table !
Pose sur la table. Cash.
Joue-moi de la flûte comme Le joueur de flûte de Hamm !
C'est aussi simple que ça ?
Oui, c'est aussi simple que ça.
Whaouh !
Mais, c'est dingue !
Jeter son ego et ses habits,
danser nue sur la table... Pour
danser nus sur la table !
Merci.
Au fait cela peut intéresser des personnes après toutes les engueulades (oui, oui je sais la majorité des gens détestent la vérité) :
La légende du sexe surdimensionné des Noirs de Serge Bilé (le Serpent à plumes) ou comment une théorie sexuelle infondée peut servir une idéologie raciste.
Comment les Noirs autoalimentent l'idéologie raciste contre eux : c'est parfait ! J'y crois pas !
Ah ah ah, ils s'autofuckent, cher Double-Poney !! Booba, tu leur fais du mal aux mecs de banlieue qui t'achètent ! Mais bon, tu as raison, ils aiment se faire enculer comme tu le répètes. Leur bonheur à se soumettre n'a pas de limite. Et en plus, ça te permet de rouler en Lambo ! Ha ha ha ha !!