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5 janvier 2009 1 05 /01 /janvier /2009 20:58
J'ai retrouvé des choses que j'aimais. L'écriture des élèves, le chien dans son panier, la lumière orangée. J'ai retrouvé des peurs comme inscrites dans les murs. 

J'ai même revu son visage. J'ai fait comme les dernières fois : j'ai respiré avec mon ventre pour que mes larmes ne ruissellent pas sur mes joues. J'ai senti le souffle d'air en moi et j'ai même ressenti de la joie là où cela faisait de l'émotion. J'étais émue et je pense que cela se voyait. Comme j'ai tué mon désir et que j'ai pris le parti de ne pas dire ce que je pense, je me sens protégée, mais comme étrangère à moi-même. Il a tué l'histoire qui commençait, elle est donc morte mais la vie continue. J'ai eu la sensation de la table rase : là où la liberté peut entrer. Je le regarde, je lui parle, je l'écoute : je suis là et je ne suis pas là. Je ne suis pas là parce qu'il a rejeté l'espace où je pouvais être en tant que moi : en désir, spontanée, naturelle et vraie. C'est dans cet espace que la rencontre aurait pu avoir lieu. Quand nous sommes en présence, cela glisse, la rencontre glisse. Ca échappe. Mais je veux vivre l'expérience pour apprendre. Il semble heureux de l'évitement qu'il a inscrit entre nous. Il a l'air heureux. J'ai envie de prendre un papier pour y jeter tout ce que je ressens sinon cela se comprime dans ma poitrine. Je comprime, il semble rassuré. Il me regarde vraiment avec ses yeux presque noirs. Je connais mieux son visage, même si je le connais à peine et que je le vois peu. Je lui répète que j'ai compris ce qu'il m'avait dit il y a quelques semaines. Nous ne serons rien l'un pour l'autre. Et dans ces cas-là je me demande toujours comment les autres font pour connaître l'avenir, maîtriser autant leurs sensations, leurs désirs, leurs affections, cadenasser ce qui pourrait surgir. Car lors de ce court échange je vois des choses qui pourraient surgir, aux aguets, pleines de vie, de légèreté, de rire. Mais il les bloque. Comment peut-il refuser ce qu'il y a derrière la peur puisqu'il ne sait pas ce qu'il y a derrière elle ? Dans l'espace de la rencontre, du nouveau, l'espace où existerait ce qu'il n'a pas pu imaginer, là où il y aurait création. Vous me direz que c'est parce qu'il est dans l'évitement. Alors je lui dis en le regardant vraiment que je respectais son choix. Car moi que puis-je lui dire ? Vu que j'ai conscience que ni l'un ni l'autre nous ne pouvons savoir ce qui pourrait arriver. Là où il n'y a pas de désir, il n'y a pas de vie. Je peux juste faire le choix de vivre ces courts instants où il me répète son évitement de moi. 

J'apprends à essayer de ne pas comprendre. Que puis-je comprendre ? La vie, c'est plein de problèmes à traverser, plein de courage à se gober dans la tête pour avancer puisque nous sommes embarqués. Pour moi ce n'est pas l'esquive. 

J'ai envie d'écrire des cartes postales avec des jolis mots qui feraient des jolies phrases. J'ai envie de le serrer dans mes bras pour triompher du mal qu'on nous a fait, pour que ce ne soit pas le monstre qui gagne. Mais le monstre a gagné. Je lui dis ce que j'aimerais qu'il me dise, je lui dis de ne pas avoir peur. Il dit qu'il n'a pas peur. Moi aussi j'aimerais parfois être comme lui : mettre un couvercle. Je veux profiter de la vie pour la vivre. Là où je m'en veux, c'est de m'annihiler face au non-désir de l'autre. J'aurais bien aimé ne pas esquiver l'esquive. J'aurais aimé être aussi comme j'étais avant parfois : surfant le désir en poupe. J'aurais aimé dire que je voulais le serrer dans mes bras pour gagner du terrain sur la liberté, soulever la chape de plomb, faire entrer le silence et être légers comme des bulles pétillantes. Et laisser venir l'inconnu pour le déguster. 
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27 décembre 2008 6 27 /12 /décembre /2008 21:23
"Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été." Albert Camus

C'est pas joli pour finir l'année ? Je vous retrouve dans quelques jours. 
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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 12:28
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24 décembre 2008 3 24 /12 /décembre /2008 11:12
 Je ne sais pas l'histoire qui va avec cette image. Parce que la personne qui en est l'auteur (de l'histoire) ne m'a pas donné les clés. Je ne sais pas qui est cette personne. 

"L'innovation, l'inouï, le jamais vu, le jamais entendu, constituent le domaine de l'amour. L'amour, c'est justement ce qui vient amener ce qui jusque-là n'existait pas pour une personne, pour un couple, pour un groupe (...) L'amour, c'est toujours la première fois" J'ai trouvé cette phrase entourée de phrases tout autant lumineuses dans La parole et l'aliénation de Lucien Israël. Putain ! Je me tue à le dire (et à l'écrire depuis si longtemps) ! dans un désert à des personnes qui courent dans un monde différent. Des personnes qui obéissent à des institutions, des religions, des pères, des mères. Leur peur du nouveau m'hallucine et me tétanise. Mais je ne lutte plus de front avec ces attitudes mortifères. D'ailleurs je ne sais absolument pas comment on fait pour vivre dans un monde ainsi sclérosé qui refuse l'amour et la création.

Je veux enlever les pelures de l'oignon pour retrouver mon coeur innocent et ma barbarie nouvelle à chaque instant. C'est ce que j'ai fait quand j'ai accepté de boire un café avec un inconnu. Accueillir le neuf comme un acte de vie. C'est pour cela qu'il faut du coeur sur les idées noires engendrées par les parasites extérieurs et intérieurs qui font que nous n'aimons pas, que nous n'allons pas vers la création du nouveau. "Une interdiction, c'est fait pour être transgressée." La vie c'est tout à coup faire un truc qu'on n'a jamais fait, un truc un peu fou, un truc que notre mère n'aurait pas voulu qu'on fasse, c'est bien aimer une autre personne (en ne voulant pas la mettre à la place de sa mère) et la prendre une femme dans ses bras. Commencer une nouvelle vie. Et tout le plaisir qui va avec. Toute la découverte. 

En tout cas j'ai vécu l'amour aussi comme le dit Lucien Israël. Mais j'ai rencontré de gens qui le vivaient comme ça. Alors on fait comment ? J'ai croisé tant de gens qui ne refusaient cette nouveauté tétanisés par le nouveau... qui voulaient juste vivre dans l'ombre d'autres, dans la répétition, dans ce qu'on avait programmé pour eux, qui ne voulaient pas vivre leur vie à eux, celle que personne ne vivrait à leur place.

Ok je pleure, mais je ris, et quand je ris, quand je souris, quand j'aime, quand je regarde l'étranger avec un regard doux (parce que je sais tout ça, la peur de l'inconnu qui est en lui et quand je lui ai dit : "Fais le pas de côté, viens créer du nouveau", il m'agresse et je suis incapable de comprendre pourquoi), je suis moi-même, je suis un sujet et je vis l'instant présent alors que lui ne vit que sous la domination de la peur (la peur que d'autres gens ont mis en lui).

J'en ai rien à foutre que des lois disent qu'il ne faut pas parler aux inconnus, qu'il ne faut pas se commettre avec les étrangers et en plus eux... ces étrangers-là, j'en ai rien à branler, même si j'en ai pleuré, j'ai pleuré de voir que des lois extérieures ont eu raison de nous. J'ai franchi cet espace vers la liberté : j'ai avancé seule sur le fil. Patatra ! J'en ai rien à foutre même si j'en ai souffert. Si je meurs demain, je l'aurais fait. Je n'aurais pas été aliénée par des lois qui ne sont pas les miennes, qui ne sont là que pour nous asservir. Ces lois ont triomphé, la peur a triomphé. L'amour a été malmené. L'amour, c'était juste ouvrir la porte à quelque chose de jamais vécu, de nouveau, de mignon, de rigolo. Cela aurait été ça de gagné pour notre liberté. 
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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 13:58

Nous étions fans et nous avions 16 ans. Ils ont vraiment profondément influencé ma façon de penser, encore jusqu’à maintenant. Bien sûr cela peut sembler bien naïf puisque c’était un groupe anglais de punk-rock des années 80. Nous cherchons tous des maîtres et mon adolescence se déroula sur fond de post-punk. J’étais déjà désespérément romantique (je ne savais pas que c’était à ce point !). Je lisais vraiment leurs paroles, elles-mêmes romantiques : envie d’une autre communauté, d’un autre société, créer quelque chose à soi. Je les écoutais sur mon walkamn, j’allais les voir en concert. Nos yeux brillaient dans des salles de concert qui sentaient la bière. Je me suis intéressée à l’histoire de l’Angleterre puis de l’Irlande quand je suis allée là-bas. Je portais des T-shirts, j’en fabriquais, je me perçais les oreilles, me teignais les cheveux en rouge, commençais mon premier roman en m’inspirant de leurs images de sauvages venus faire la révolution pour apporter la tempête et la consolation à ceux d’à côté. Ils m’ont sans doute aidé à faire la lumière sur les classes populaires dont je suis issue (finalement). J’ai commencé à lire Nietzsche et à m’intéresser aux barbares qui sont encore aujourd’hui mon sujet d’écriture, de pensée, de vie. Bref… Je ne jurais que par mon gourou fantasmatique, Justin Sullivan, chanteur d’un petit groupe anglais qui charriait une sorte d’engouement proche de la secte. Le groupe vivait en communauté avec une équipe qui les suivait dans le monde entier. Un groupe au nom étrange de New Model Army, en rappel au nom de l’armée fondée par Cromwell… Pas des tendres ! Hier mon amie Vesna m’emmène les voir, un peu par hasard. Cela fait presque 20 ans que nous ne les avons pas vus. Et à la fin du concert, elle me dit : « Moi, je les attends » et qu’est-ce que nous avons ri en les attendant sous la pluie fine en fumant des clopes et parlant avec les gars de la sécurité. Je n’avais jamais fait la fan sur le macadam ! Nous avons attendu et c’était gai. C’était comme un espace de liberté dans nos vies urbaines. Et le voilà qui arrive Justin Sullivan (pardon je ne peux pas tout raconter pour des raisons éthiques !). Pour moi y’a 20 ans ce gars était mon Jésus ! Heureusement je suis plus calme, mon cœur accélère et je suis silencieuse. Le star system et tout ça me gonfle maintenant, toute cette hypocrisie du rock, du punk, de mecs qui nous vendent leur ego à cause de belles phrases dignes du Dalaï-Lama. Le gars va déposer ses affaires dans son car star riders (rien que ça !) et revient à quelques mètres fumer des clopes en parlant avec des copines. Il y a deux fans sur le trottoir et c’est nous. Et on est franchement très drôles et on rit de nous. Nous n’attendons rien et on rit. Puis, tout à coup, ça me prend d’aller lui parler à Justin Sullivan. Pour lui demander ce que j’ai toujours voulu savoir quand j’écoutais sa musique, quand j’allai en Irlande, quand j’écrivais mon premier roman sur les barbares qu’il m’avait inspiré, quand je rédigeais mon mémoire de philosophie sur ces mêmes barbares : pourquoi a-t-il choisi new model army comme nom ? vais. Je me plante devant lui et je lui pose ma question : excuse-me can I ask something ? Il m’explique dans son anglais prolo assez dur à suivre et nous voilà embarqués dans une conversation sur la révolution, le sang, la nécessité de la violence (la fin justifie les moyens ? Argh !) et le besoin de nourrir le peuple en pleine anarchie. Il dit que le gros problème, c’est avec les Irlandais car la New model army (la vraie) a été très, très méchante avec les Irlandais ! Et nous aimons l’Irlande. Il dit que son père est un Canadien-Irlandais (quel meurtre symbolique du père que d’avoir appelé son groupe New Model Army, amis de la psychanalyse, bonsoir). J’ai fait comme au début de la semaine avec les autres ; je l’ai regardé. Ses rides, son visage abîmé et pas très beau, ses dents en moins, son regard qui sait qu’il a un regard, ouhaouh il y a quelqu’un derrière ce regard, son sourire quand il dit que ce n’est pas possible que je sois fan depuis 22 ans puisque j’ai l’air si jeune, ses boucles aux oreilles, sa peau. Hahahaha…(mais c’est quoi ? C’est quoi l’Autre ?) et je vois un homme qui me regarde comme il me regardait déjà sur le trottoir. Ouahouhahouh, le temps passe et il ne revient jamais. C’est pour de vrai. C’était il y a vingt ans quand il me fascinait et nous voilà, ce soir, sur un trottoir en train de discuter de Cromwell ! Et j’ai la conscience aigue à ces instants de quelque chose que j’ai rarement éprouvé : la vie c’est juste maintenant et c’est simple ! Il suffit d’étendre la main et d’entrer dans la liberté. De maintenir de planter ses pieds dans le sol et de cueillir le cœur ouvert ce qui vient. Sans préméditer quoique ce soit. Je rêvais de parler à cet homme et restais éveillée la nuit. Cette rencontre a changé mes pensées et ma vie. Enorme quand même. Avec les années, j’ai oublié et cela revient sans force, presque sans désir, avec une simplicité qui me remplit. Et si tout était ainsi ? Cette soirée était si simple, si libre, si joyeuse, si heureuse. J’ai juste saisi l’occasion de quelque chose que j’avais voulu puis oublié. Justin Sullivan part dîner. Un homme vient vers moi et me dit : « Ouhaouh tu as osé parler à Justin Sullivan, moi j’y arrive pas, je suis tout péteux » Oser. Oser presque rien, juste vivre. Merci Vesna pour l’espace de la liberté, merci Justin Sullivan pour être un humain. J’ai gagné la conscience de quelque chose : je suis en vie. C’est juste ça, rien de plus, rien de moins. Ca s’appelle un miracle. 

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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 08:41
Hier j'ai découvert quelqu'un.

Après l'épisode douloureux de la semaine dernière, (les épisodes devrais-je dire, puisque je n'ai pas parlé du plus important), j'ai croisé la personne qui m'a fui et c'était comme dans un livre, un livre de Marie Debray et je me souvenais d'Eric disant "la vie devrait être comme dans les romans". J'ai juste ressenti la scène comme si je mangeais un met nouveau parce que la vie, c'est ça : accueillir le nouveau. Je décidai l'option : "laisse venir et observe." J'avais mon walkman sur les oreilles, quand je sortais de l'abri à vélo, je l'ai vu. Puis je l'ai regardé. Pour avoir été bannie pour ma capacité à ressentir, je me suis dit que j'avais la grande chance d'être dans la sensation et que j'allais m'en délecter. J'ai ressenti une émotion, presque de la tristesse, mais en même temps j'ai ressenti mon corps et ma respiration. J'ai vu que c'était rien et tout. Je ne sais pas ce que la personne m'a dit, pas vraiment puisque j'avais la musique dans les oreilles. Et comme c'est une mascarade, autant la jouer. Avec un peu d'ironie. Je suis toujours étrange parce que je ne comprends jamais pourquoi on se parle quand ça ne sert à rien : "Pourquoi me parle-t-il ? Ca lui apporte quoi ? Qu'est-ce qu'il en a à foutre ?" Il en a rien à foutre mais il me parle. Pour ne rien dire. Quand nous sommes entrés dans le couloir de l'escalier, j'ai vu que sa tête penchait avec les épaules tournées en dedans. Son cou était à découvert et j'ai eu envie de poser ma main dessus. Mais je n'ai pas bougé et continuai à le regarder vraiment avec une attention discrète. J'enregistrai au maximum : ses boutons sur le visage, sa nuque rasée, ses chaussures fines et noires. Je ne l'écoutai pas ; ses paroles m'ayant déjà blessée, je les maintiens donc à distance. J'ai changé : je ne livre aucune information puisque tout peut être retourné contre moi. Je sais que mon visage est doux, peut-être dévoilant de la fragilité. Dehors, je croise le visage d'un jeune homme. Son regard me regarde et je le regarde. Je soutiens le regard. Il est beau. Il a un regard fort et habité. 

Quelques heures après, j'ouvre un livre, je commence par la préface et j'hallucine :  "Mais il y a la présence des autres. On les suit du regard et l'on note leurs gestes. Encore si on pouvait en rester là. On vivrait sans angoisse. Mais quand ils vont vers vous, tout change. Vous en êtes. Toute approche vous lie. Il s'est saisi de vous. Vous vous voyez impliqué dans un ensemble de gestes qui ne sont pas les vôtres. (...) Il vous tenait dans sa présence. Vous êtes son détenu. L'angoisse vous saisit. Vous voudriez avoir raison de lui. Mais les présences ne se raisonnent pas. Vous ne pouvez pas le réfuter, lui. Présence fait loi. Vous voudriez donc lier connaissance avec lui. Ainsi on pourrait s'expliquer. Mais il n'y a pas d'explications. On n'entend toujours que ce que l'autre dit. Il n'y a pas moyen de lui en faire dire plus. Et c'est terrible d'écouter ses silences. Il faut décidément que vous le quittiez. Dîtes-lui donc : je pense, donc je suis, ou quelque chose dans ce genre. Ou dîtes simplement : moi. Mais cela, vous ne sauriez le dire. Car en le disant vous vous rendriez coupable. Vous vous êtes mis à marcher allègrement : moi, je suis moi. Mais vous n'étiez pas seul. Il y avait l'autre avec vous. Le moi n'est qu'un oubli. Il vous a suivi des yeux. Et vous ne vous êtes pas retourné. Mais sa présence vous suit. Son absence vous le rend présent. Tout est ainsi fait de présences et d'absences." Bernard Groethuysen, préface du Procès de Kafka. Je retrouvais dans ces lignes et celles qui suivent tout ce que je venais d'éprouver. Je me sentis réconciliée aussi avec cette idée que j'ai et que peu d'amis partagent autour de moi que nous sommes embarqués. Tout est là, nous ne pouvons y échapper. Pascal, Spinoza et maintenant Kafka à travers les mots de Groethuysen ont travaillé sur ça. Que faire avec ça ? Cette lucidité et cette angoisse du vivant même que nous sommes embarqués. Alors que l'être humain tente d'échapper en permanence. La pratique de la méditation inverse ce processus. J'ai toujours eu cette intime sensation de ça : faire face puisque nous sommes sur une route et que les épreuves qui s'y dressent sont bien le vivant pur. Ne pas affronter, c'est ne pas vivre. C'est peut-être pour cela que j'ai eu tant de mal à comprendre la notion de refoulement (il est sûr que je refoule des choses), de déni et de fuite (car fuir où ?). C'est pourquoi je me suis déjà tellement énervée quand l'autre me disait : "Oublie tout, fais comme si de rien n'était, ça n'a jamais existé." Parce que je ne comprends absolument pas comment on peut dire ça. Et encore moins le vivre. Puisque ce n'est pas possible et ce n'est pas vrai. Qu'une telle attitude nous rend malades ! On peut faire semblant, mais faire semblant n'empêche pas le fait que ça existe. C'est là où j'ai souvent été différente et décalée. C'est là où il y eut immanquablement incompréhension avec les autres. C'est là où je rejoins le tantrisme qui pense qu'il faut être présent. Entièrement présent. C'est ça être en amour. Groethuysen dit : "La leçon de Kafka est une leçon d'amour." Le monde est kafkaien. Il a vu. Ce que les autres ne voient pas. Ce n'est pas que je me suis trompée : j'ai juste été dans le monde. Maintenant je suis avec Kafka. 
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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 11:35
Même mes chaussures sont sensibles. Je me demande si elles sont bannies aussi. J'ai une cicatrice au fond de l'oeil (ça doit être à cause de ma sensibilité que ma rétine s'est décollée et fut recollée au laser) et mes chaussures au niveau juste avant les orteils. Hihihihi ! 
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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 10:31
Quelqu'un hier m'a dit : "Quand quelqu'un pleure, c'est qu'il souffre." Ah ah ah. Eh bah ça va mieux en le disant. C'était parce qu'avant quelqu'un d'autre m'avait jetée parce que j'étais sensible. Et que dixit "c'est un défaut". Quelques jours auparavant, une autre personne m'avait dit : "Nous, nous souffrons de porosité psychique." On entend des mots et on les entend vraiment, ils rentrent dans notre cerveau et ils nous font quelque chose. Certains mots tuent l'âme de certains. C'est nous, les poreux psychiques, qui sommes anormales. Ca veut dire que nous vivons dans un monde où il ne faut pas être sensible, ne pas écouter ce que les autres nous disent, où donc il faut vivre sans vivre c'est-à-dire sans utiliser quelques outils formidables de l'être humain (l'attention, l'écoute, l'emphatie, l'intelligence, la finesse, la relation à l'autre). Bonjour le refoulement et le déni. Pas de désir, pas de larmes, pas de coeur, pas d'amour. Il reste encore des fous qui savent que les larmes peuvent signifier de la souffrance, de l'expression, de l'émotion. L'autre jour, je donnais un cours sur Machiavel. Il a parfaitement exprimé les rouages des relations humaines : c'est la guerre, alors il faut adopter une stratégie guerrière. L'autre en face est potentiellement mon ennemi, il n'est pas potentiellement mon amant, mon aimant, une âme-soeur (c'est là où moi je suis malade).

J'avais décidé de ne pas refouler alors j'ai posé les mots sur la situation, j'ai posé mon coeur, mes tripes, mes larmes sur la table, j'ai dit : "Je suis un être humain". Pour la première fois de ma vie. Dans certains pays, à certaines époques, je serais tuée pour ça. Une femme doit se taire, se soumettre, ne pas contester la parole de l'homme (je l'ai lu dans un manuel que j'ai vu dans mon quartier : "comment être une bonne épouse musulmane"). Ses larmes, ses cicatrices et ses saignements : y'a des tissus pour voiler tout ça. Aujourd'hui je suis tuée psychiquement. On appelle ça un meurtre psychique. Parce que j'ai commis une erreur : j'ai été vivante. Et j'en suis fière. Je n'ai pas gagné la bataille, mais je vais gagner la guerre. C'est-à-dire que je ne vais pas perdre mon âme, je ne vais pas refouler, je ne serais pas dans le déni. Ou du moins je vais essayer. Et ensuite je vais écrire. Quand j'aurais arrêté de pleurer. Et je vais arrêter de pleurer. Peut-être ai-je déjà arrêté de pleurer. Je descends dans les rues de mon quartier avec ma capuche sur la tête et un foulard sur mon visage. Personne ne verra si j'ai arrêté de pleurer. Je sais en définitive que c'est une grande chance d'être sensible, d'avoir un coeur et un cerveau et des mots pour le dire. C'est une vraie force et du courage de pleurer face à quelqu'un. C'est de la confiance. Faut dire que je suis un peu conne d'avoir confiance alors même que je lis Machiavel. Faut dire que je vois et sens tellement de belles choses, du plaisir dans plein de détails, que je danse pour un rien sur le macadam, que mon sourire déborde de mon visage pour quelques broutilles, que je sens mon coeur si gros dans ma poitrine quand j'accueille la libération des carcans en un clin d'oeil. Ma sensibilité m'a ouvert les portes du plaisir, de la jouissance, de l'écriture, de l'amour en toutes circonstances ; en Iran, en Inde, à Barbès. Et je crois que personne ne me prendra plus jamais ça même si je suis seule avec ma porosité psychique dans ce monde de zombis. Mon mentor si chou m'a écrit plusieurs fois que j'étais faite pour le bonheur, que j'avais tout dans ma poche : que j'étais jolie, intelligente avec une capacité incroyable d'aimer et un talent certain quand mes doigts tapent sur mon ordinateur. Faite pour le bonheur, bannie pour crime de sensibilité. 

Ils n'ont pas de coeur et ils en sont fiers. Ils sont impuissants et ils en sont fiers. Ils n'ont pas de couilles et te donnent des leçons de morale. Alors vous savez comment ils entrent, la tête baissée, dans des camps d'entraînement en Afghanistan. On ne peut pas leur en vouloir : ils sont conditionnés par l'autorité. Il faut bien qu'ils mettent leur refoulement quelque part, la jouissance à laquelle ils n'ont pas accès, l'amour coincé dans leur cage thoracique, là exactement où ils mettront les explosifs parce qu'il ne peut pas y avoir rien. Là où il n'y a pas eu l'amour, on leur a mis la haine. C'est toujours quelque chose. Et il faut quelque chose, même n'importe quoi. La haine toujours mieux que le vide. Freud a dit qu'on retombait amoureux pour ne pas devenir fou. Ils ne tombent pas amoureux, l'autorité leur a interdit, leur a fait peur. Ils deviennent fous. Ils se croient ainsi protégés, le refoulement fait le travail : les dégâts viendront plus tard. Comme une bombe à retardement. Jésus avait peut-être précédé Freud : il a dit que là où il y avait rien, il fallait mettre l'amour sinon immanquablement la haine s'y logerait. C'est bien sûr un très long travail, un vrai travail. Les propos de Jésus et de Freud se vérifient tous les jours. Mes larmes, ma confiance, c'était pour ne pas devenir folle. Suite au bannissement, j'ai repris mes effets et hop ! je suis repartie sur la route. Masquée, voilée, insoumise à leur haine. Moi je te dis ils feraient mieux de baiser tous ces mecs. Ca leur ouvrirait leurs chakras verrouillés. C'est quand même plus sain et plus naturel de s'exploser au pieu que par dynamite. Je suis sûre que toutes les éjaculations manquées se cristallisent en attentats réussis. C'est tellement simple, mon Dieu. Mais pour l'instant quand tu leur tends la main, ils la mangent. Faut dire que ça rend nerveux de ne pas faire l'amour. 

Quelqu'un m'a dit : "Quand quelqu'un pleure, c'est qu'il souffre." Merci pour cette parole. Mais eux ne pleurent pas. Pas encore. 
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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 11:13
Voici un message de Michel Collon daté du 5 décembre. Je vous invite à visiter son site qui propose autre chose en matière de journalisme. On ne pourra pas dire qu'il n'y a pas eu d'invitation à voir les choses autrement :
"C'était bien Ben Gourion..."
Le 3 décembre, j'ai participé au débat de Ce Soir ou jamais sur France 3: Iran, Irak, Proche-Orient : que va faire l'Amérique ? Durant ce débat,
j'ai cité une déclaration cynique et significative de Ben Gourion, fondateur de l'Etat d'Israël en 1948. Mes contradicteurs défenseurs d'Israël ont affirmé que "mes sources étaient fausses" et que la citation ne serait pas de lui.
Après vérification, la citation est bien de Ben Gourion, la voici au complet en original :
"Si j'étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C'est normal; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l'a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n'est pas le leur. 
Il y a eu l'antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu'une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela ?" David Ben-Gourion, premier ministre israélien, cité par Nahum Goldmann dans "Le Paradoxe Juif", page 121

Mes contradicteurs, n'ayant pas d'arguments sur les faits, ont utilisé une méthode mesquine classique : semer le doute sur un point de détail pour détourner l'attention du fond du problème. Vous trouverez ici plus bas une petite sélection de déclarations colonialistes et racistes, comme on peut en trouver chez tous les grands dirigeants israéliens.
Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont témoigné leur soutien. Et surtout je leur demande de nous envoyer les meilleurs articles, témoignages et analyses sur l'injustice faite aux Palestiniens. Pour diffuser dans notre sélection hebdomadaire d'articles. Pour contrer les mensonges, "nous sommes tous des journalistes".
MICHEL COLLON
Avec l'équipe Investig'action
www.michelcollon.info
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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 13:06
Mahomet a fait un truc vis-à-vis des femmes. Il s'est dit qu'il y avait une différence entre les hommes et les femmes, c'était qu'à l'issue d'un accouplement seule la femme se retrouvait avec un enfant dans le ventre. Pas mal hein ? Suite à l'acte le corps de l'homme reste inchangé. Mahomet s'est dit que du coup on ne pouvait pas les laisser seules avec cette problématique (ce n'est pas forcément pour faire plaisir à la femme, c'est aussi pour récupérer le fruit de ses entrailles. C'est comme l'avortement : d'abord ça a libéré le bourgeois qui couchait ailleurs). Donc Mahomet décida d'officialiser les différents actes d'accouplement des hommes (un truc qu'on pourrait appeler polygamie ou partage des informations car la morale ne change rien au fait que tout le monde a envie de se taper tout le monde, la morale peut dire que dans ce tout le monde il y a des gens sensibles, sensés, un peu humains) comme ça les bâtards feraient parti de la famille : ce ne serait plus des bâtards. Ils auraient un nom, des vêtements, un toit. Dans une optique différente l'église catholique (c'est à prendre avec nuance, ça dépend des moments de son histoire) ignore les autres femmes que l'homme pénètre. Elles n'existent pas. Les bâtards existent mais ils sont nulle part. Ils errent. Maintenant on en fait des anges. Pratique ! Les âmes des bâtards errent. C'est juste que Mahomet a compris que suite à la pénétration un enfant avait des chances de naître et que ça se situait dans le ventre de la femme. Faut dire qu'il avait de l'expérience. C'est aussi l'église catholique qui a bien appris à ces ouilles que la sexualité se résumait à la pénétration (un acte ne peut pas avoir multiples fonctions pour elle). Ce qui n'est pas le cas des camarades musulmans : la sexualité a différents aspects et utilités et endroits ! Il ne suffit pas de porter une culotte pour cacher son sexe (voile) : terriblement vrai. Là où l'église catholique a choisi l'un, les autres ont choisi la diversité. Je n'émets aucun jugement. C'est juste intéresant de voir comment les choses se font. C'est sûr qu'après les jeunes issus de l'immigration sont un peu perdus, vu que les jeunes non issus de l'immigration aussi. Mais on peut aussi relire Saint-Paul : assez intelligent. Parce qu'il avait compris que non seulement on convoiterait la femme d'autrui mais qu'on la prendrait sur la table de la cuisine. Certes grâce à Paul on en développerait une culpabilité qui nous ferait crever d'un cancer (comme ça c'est bien fait). Mais ça ne change rien aux faits.

Bon avec Mahomet les femmes d'aujourd'hui qui se retrouvent seules avec un petit(e) (qui deviendra grand(e)) sont un peu répudiées... Parfois. Là tout le monde se retrouve même l'église catholique. C'est pas génial ?
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